vendredi 29 février 2008

Il fume, et il pense.

Assise en terrasse, café, clope, l'esprit au loin qui vogue et qui chavire au gré des passants. L'air est doux, l'imaginaire fertile qui ricoche sur des mouvements, des gestes, des regards et postures, qui mis bout à bout, racontent une histoire. L'histoire des autres...



Vers son rendez-vous il arrive, l’esprit dans les sens. Ses rêves de la veille le suivent, et lui ressemblent.
Il se pointe dans la rue et attend sa venue. Il a même mis des fleurs sur les toits, un bistrot un cinéma. Il crame une cigarette et il l’aperçoit, la foule et une cachette elle ne le voit pas. Oui mais il voit sa frimousse, qui s’avance et il pense. Au combien il a de la chance d’être son terminus. Il pourrait dire aux passants, vous voyez là-bas, la fille près du restaurant c’est vers lui quelle va. Mais il garde ça pour lui, il fume et il pense. A sa douce accoutumance de ses lèvres sur lui.

Vers son rendez-vous elle arrive l’esprit dans les sens, ses rêves de la veille la suivent et lui ressemblent. Dans la rue y a des fleurs, un bistrot, même un coiffeur. La rue crache sa joie jusqu’au-dessus des toits. Elle jette sa cigarette et elle l’aperçoit, pourtant elle tourne la tête la foule la cachera. Car c’est dur d’aller lui dire, leurs baisers dans la cour, dans la chambre ou dans l’amour ça n’est plus qu’un souvenir.Elle a du trouble plein la tête, elle a la tête à lui, vers tous les deux elle se jette pour la dernière fois. Il lui reste quelque pas, elle a peur et elle pense. A sa triste dépendance de ses lèvres sur elle.

Son cœur a retourné sa veste côté mauvais temps, pour un autre ou pour le reste est-ce bien important.
Ses yeux sont sur le sol et les siens sont sur elle, le silence leur fait cortège quand les siens vont sur lui. Il crame une cigarette. Depuis son départ, autour de lui tout s’arrête. Elle n'est plus là, elle prend le boulevard. Si il met les rues flammes, ce n’est pas pour lui faire mal, c’est pour pas qu’elle ait froid quand elle part loin de lui. Il voudrait dire aux passants, mais retenez la, la fille là-bas qui va vers les cendres c’est de lui qu’elle s'en va. Il le garde pour lui, il fume et il pense, à cette vie qui commence, il se tourne, il a froid.

jeudi 28 février 2008

Foutez-nous la paix , merci.

Depuis qu’il est partie de chez vous pour chez moi chaque jour il reçoit une lettre de vous. De ces lignes il ressort; Que vous l‘aimez très fort, qu’il vous manque très fort, qu’il sera toujours chez lui chez vous.Comme vous voyez sans doute, Je sais tout vos tourments, ces lettres à vos dépends ils me les montre toutes. Et si j’ose aujourd’hui répondre à vos envoies, et vous dire ce qu’il suit, c’est mieux pour vous, comme pour moi.


Madame ,

Votre fils et moi-même allons bien. Votre fils et moi sommes heureux, et ne nous vous le devons pas. Mais si vous souhaitiez toutes fois y contribuer un petit peu, il suffirait d’aller nous voir et de reprendre vos tupperwares, et ne plus jamais revenir, ne plus jamais les re-remplir.
Et pour prendre un raccourci foutez-nous la paix merci.

Pourriez vous ne plus lui acheter des caleçons avec des nounours? Car ça me coupe dans ma course, quand il s’agit de lui ôter. Ils me fixent avec leurs grands yeux aussi stupides que joyeux. A chaque fois je suis troublée de voir comme vous leurs ressemblé.
Et pour prendre un raccourci foutez-nous la paix merci.

Et ne soyez pas étonnée si on ne répond pas toujours lorsque vous nous téléphonez, c’est parce que nous faisons l’amour. Et si vous appelez à plusieurs reprises sans aucun succès, c’est qu’on fait l’amour à plusieurs….. Reprises sans aucun succès.
Et pour prendre un raccourci foutez-nous la paix merci.

Mais je cause, il est tard et ma plume s’égare, évitons les ratures, mais ce qu’il faut conclure:
De la maison natale son départ vous fait mal, mais il était bien temps il a quand même bientôt 40 ans ! Je suis son éphémère mais vous êtes sa mère! Et je vous en prie, il vous reste un mari.
Redécouvrez à deux l’érotisme à sa source et si vous voulez je peux fournir les lingeries... Avec les nounours.

Bien à vous,

mercredi 27 février 2008

On fera avec.

J'aimerai grimper au sommet d'une grande montagne.
Une fois le but atteint, on doit se sentir super bien, fier de soi. On dit se sentir....
... l'Homme le plus haut du monde.
Seulement quand on a plus de but , on se sent bizarre.
Il nous faut alors en retrouver un d'urgence...
...Sinon on meut.
Ce qu'il y à de bien avec le sommet des montagnes, c'est qu'on est plus prés de Dieu.
Alors on guette, on attend un signe, on espère.
En général on est déçu.
Dieu ne veut jamais se montrer.
Ou alors quand il le fait...
On ne sait plus trop, si on a bien fait d'espérer.
La vie est compliquée.
C'est toujours quand on croit que l'on est au fond du gouffre
Qu'on est certain de ne pas pouvoir descendre plus bas
Qu'on aura beau s'agiter, l'existence ne pourra être plus pourrie.
C'est toujours à ce moment là, que ça empire.
Quand jetais petit(e) je rêvais souvent que je tombais de très haut.
Je n'arrivais à me raccrocher à rien
J'essayais d'appeler au secours mais ma bouche restait muette.
L'avantage quand on est enfant c'est qu'on a encore le réflexe de se réveiller avant de s'écraser.
Plus tard, on vieillit.
Globalement on passe une grande partie de sa vie à souffrir.
La souffrance du corps, celle de l'esprit.
c'est vrai qu'il y a aussi des moments magiques.
Certains instants ou se sent étrangement plus proche de soi et l'univers.
Mais quand même on doit toujours tout payer par la souffrance.
Il y a toujours quelqu'un pour nous regarder tomber.
C'est difficile les relations avec les autres.
On cherche tout le temps à être aimé.
Et puis aussi à aimer.
Mais souvent ça rate.
Il arrive que des gens qu'on aime meurent.
Là, c'est horrible, une douleur sans fond.
Alors on laisse le temps passer en espérant que le vide se comble.
Mais il nous reste toujours un trou dans le ventre.
On appelle ça l'absence.
Il y a des moments ou tout devient très compliqué.
On se sent épuisé par l'acharnement qu'on met à essayer de vivre.
On se cherche alors une bonne raison pour tenir encore un peu.
Souvent on en trouve une, on est regonflé, rassuré.
... Pour un temps.
Des fois, on décide de descendre le plus bas possible.
Jusqu'en enfer, rien que pour être certain qu'il y a pas pire.
Mais c'est dangereux de faire ça.
Parce qu'à chaque fois, il faut se trouver un nouveau moyen de remonter.
J'ai très peur du vide.
Peut-être que c'est la peur du vide qui nous empêche de nous élever.
Et c'est vrai que c'est tentant de s'élever.
Se rapprocher de Dieu.
D'un autre côté Dieu c'est très surfait.
Des fois les gens me parlent de leurs enfance.
Des souvenirs plein de tendresse.
Des horizons sans limite, une confiance absolue dans l'avenir.
Des rêves démesurés, des envies gigantesques.
Puis après je leur parle de mon enfance.
Je n'ai pas très bien vécue mon enfance.
Je n'attendais qu'une chose: devenir adulte. Pour moi, ça signifiait "être bien".
En effet, les adultes me paraissaient tous étrangers à l'angoisse, à la peur, à tous les monstres qui me peuplaient.
Alors dès que j'ai sentie que j'étais prêt(e).
Je suis devenue un(e) adulte.
Quand on est petit on à peur des monstres.
Même en grandissant ça ne s'arrange pas.
Il y a toujours quelque chose qui nous hante.
Mais quand on est petit on peu toujours se réfugier sous les couvertures.
Tandis qu'après, il n'y a que notre peau qui nous protège.
La vie c'est comme une maladie qu'on attraperait très tôt...
...Dès la naissance.
Après on passe son temps à courber l'échine, à sourire pour ne pas mordre.
On essaye d'oublier comme on peut que , de toutes façons ont est condamné.
J'ai beau chercher je ne vois vraiment pas ou est le miracle de la vie dont tout le monde parle.
La rédemption par la souffrance est une grande idée chrétienne..
J'ai un doute.
Mettons que Dieu soit mon berger.
La fonction première du berger est d'élever des moutons..
..De les protéger des loups, de leur trouver de chouettes pâturages...
...Pour à la fin les emmener direct à l'abattoir.
La mort est une belle invention.
Aux moments pénibles, on a tous pensé à la mort comme une délivrance.
Mais comme on se sait pas du tout ce qu'il y a derrière, on hésite..
En gros, ce qui nous pousse à préférer une existence de souffrance, ce n'est pas la crainte de la mort...
C'est la crainte d'une souffrance encore plus grande.
Je ne suis pas mort(e).
Je m'émerveille encore
Je suis encore capable de regarder le monde comme un tableau.
Je suis encore émue de sa beauté.
Mais, j'ai en permanence le goût amer de la défaite dans la bouche.
On n'aime pas partager.
On se garde nos trésors pour nous.
Pas forcément par méchanceté
Mais plutôt parce qu'on pense que ce qu'on donne ne va pas être compris.
Cette prétention nous contraint à blesser ceux qui nous aiment.
Et puis quand on se rend compte du trop plein d'amour qui nous constipe, il est souvent trop tard.
Il y a vraiment que la fuite qui soit universelle.
On fui tous le danger, c'est un réflexe.
On court du plus vite qu'on peut, jusqu' épuisement.
Bien sûr, la vie nous donne quelques moments de repos ou on peut s'arrêter et reprendre son souffle.
Mais dès qu'on ralentit, le danger nous rattrape. C'est la loi du sport.
Quand j'étais petit(e) j'aimais bien regarder les nuages.
Comme tout un chacun, j'y voyais des trucs merveilleux.
Et là, un lapin avec des ailes, et là un dragon qui se réveille...
Aujourd'hui, j'ai nettement moins d'imagination.
Ou plus du tout.
Il me reste beaucoup de proches à voir mourir.
Tellement de coups à recevoir en pleine gueule.
De déceptions, d'espoirs irréalisables, de tortures quotidiennes.
C'est incroyable ce qu'il nous reste à souffrir avant de mourir à notre tour.
Au bout d'un moment l'angoisse devient un compagnon.
Je vis avec elle. A tous les moments elle est à mes côtés.
Parfois elle me paralyse.
Ou alors elle me rassure comme seule chose stable de ma vie, mon point d'ancrage.
Mais dans tous les cas, elle m'etouffe.
Il parait qu'il y a des gens qui ont vécu une "Near death experience"
Mais un truc les a fait revenir de justesse.
Beaucoup d'entre eux parlent d'un long couloir noir avec une petite lumière au bout.
Ca m'etonne franchement que l'image qu'ils ont de la mort soit si proche de celle que j'ai de la vie.
J'aime la solitude.
En fait je ne sais pas si c'est la solitude qui me plait..
..Ou si c'est les relations avec les autres qui me font trop peur (de m'ennuyer).
La solitude qu'on choisit est un repos.
Mais c'est vrai qu'au bout d'un moment ça peut lasser (comme tout)
Alors on part à la recherche de nos semblables (grosse erreur)
On part avec l'espoir de trouver à qui parler, avec qui partager le poids de la vie.
Mais il est rare de trouver des gens capables d'écouter.
Le goût prononcé des gens à se réunir me sidère.
Non pas que ma seule compagnie me satisfasse, mais je déteste les rassemblements.
Des fois j'ai l'impression que les gens attendent beaucoup trop de moi
Faire de l'humour est le seul moyen que j'ai trouvé pour parler aux autres.
Et des fois ça marche les gens m'aiment. Mais moi?
Il y a nos lachetés, nos manqués, nos handicapés,
Nos méchancetés gratuites, notre égoïsme, nos envies gâchées.
Nos mensonges, nos vies pas vécues, nos regrets, les cadeaux qu'on a pas fait.
Nos remords, les choses pas dîtes aux bons moments.
Il y a tout ça et on a le culot de nous demander d'être heureux!
Je n'aurais pas assez d'une vie pour pleurer mes morts.
Il va falloir heberger leurs fantômes, les garder en moi..
Nos fantômes on ne peut pas les mettre de côté, parce qu'ils nous construisent plus qu'ils nous rongent.
Un jour, je serai, un fantôme aussi.
J'espère seulement qu'il y aura quelqu'un pour m'héberger.
J'aurai beaucoup courru, beaucoup fui...
J'aurais vu des choses horribles et magnifiques qui m'auront brûlé l'espoir...
Sans jamais savoir si vous les avez vues aussi...
Parce qu'en définitive, on ne se sera jamais parlé...
Et encore moins compris.
Il n'y a pas si longtemps, j'aimais l'affrontement
J'aimais avoir le dernier mot brutal pour me rassurer de n'avoir rien à dire.
Et puis en vieillissant j'ai réalisé que nos vrais ennemis on les porte à l'intérieur.
Dans ce nouveau genre d'affrontement il faut se trouver de nouvelles armes.
Des armes qui ne peuvent que blesser que nous.
Je n'ai pas envie de mourir.
Ce serait faire injure à ceux qui n'ont pas le choix...
Et puis malgré tout je crois encore en la vie.
Il me reste encore des choses a explorer.
Il me reste à niquer le monde.
Il me reste tellement de montagnes à vaincre.
Il me reste à être " l'Homme le plus haut du monde"
Et si tout ça suffit pas...
Je trouverai bien un nouveau sommet auquel m'attaquer.
Et si ça suffit pas...
...On fera avec.












(Manu Larcenet)


Juste aprés (bis)

mardi 26 février 2008

Juste aprés...

Ainsi de suite.


On à été aimé, on ne l’est plus, on à été laid, on l’est encore, ainsi de suite. Aucune belle étoile ne luit quand le ciel est sans pitié, ainsi de suite. Les addictions ne sont pas des addictions, elles n’ont pas de raison, sinon de nous lier à notre propre fatalité, ainsi de suite. Inconscience, conscience, ainsi de suite jusqu’à notre mort qui n’est pas la nôtre d’ailleurs, puisqu’elle nous prive de tout libre arbitre. On vit sa mort et puis après on meurt sa vie, ainsi de suite. Toutes les nuits obéir et disparaître, se quitter soi-même sous la voûte du ciel qui ne protège plus rien, ainsi de suite. Celles et ceux qui veillent partage la même fièvre et la même stupeur active, sont possédés par leurs actes, ils sont leurs actes, ainsi de suite. Que seront leurs rêves à la lumière du soleil ? Mais c’est demain et à toute heure on est aujourd’hui, ainsi de suite.


samedi 23 février 2008

Idées reçues

C’est une pauvre fille qui loue son corps pour se faire un peu de blé. Y en à beaucoup par ici. A la nuit tombée, on les voit débarquer, ces gamines déguisées en peau de putes. Des fleurs de bitume en quête d’existence.
Ca me fait mal aux tripes. Elles vont, elles viennent, dans des paradis artificiels montés de toutes pièces, pour pas crever comme des chiennes à qui ont a brisé les ailes.
La denrée ce fait rare ces temps ci. Plus grand chose à se foutre sous la dent.

Une clope et je m’arrache. Y a rien à faire, plus rien depuis que tout est fini. On ne fait que survivre pour ne pas finir ivre.. Tiens, même les rats en on marre de toute cette merde, ils se font la belle.
La lune brille fort ce soir. Ca me rappelle des souvenirs. L’époque ou il y avait des étoiles dans le ciel du soir. Passer son temps à les regarder nous conter des histoires. C’est vieux tout ça. J’étais môme. Pas la même génération.
Pas comme eux, Regarde les, à traîner les rues, livides, face contre terre . On leur apprend pas à sourire.
C’est quoi cette époque, ça me file le blues . Y a rien d’autre à faire ici, qu’avoir le blues. Y a même plus d’imagination.
Ca fait trois ans que ça été aboli. Plus le droit d’imaginer, de rêver, plus le droit à rien.
J’en ai vu des mecs, se faire arracher à leur existence, devant femmes, enfants, voisins, amis, pour avoir osé imaginer… Quoi ? On le saura pas. Ils plaisantent pas avec ces choses là. T’en reviens pas, quand ils viennent te cueillir. Comme cette belle de trottoir hier soir, qui s’est fait serrer à l’angle de la 7eme. Elle à du imaginer … Un monde meilleur… Ou peut être une passe à 10 000, qui sait ? Sa boite noire le sait. Et eux !

Tout à commencé, y a quelques années, quand le gouvernement à mis en place, le taux criminalité zéro. Après l’alcool, les radars, la clope, les vêtements en polyamide, et les bonbons Haribo, ce fut autour de la criminalité. Objectif taux zéro. Ce qui a occasionné la hausse du chômage. Plus besoin de flics. L’idée était pas mauvaise en soi. Ils nous ont fait passer ça pour une aire nouvelle, sans peur, sans crainte de voir tes mômes un jour enlevés par un détraqué sexuel. Plus peur de voir un matin avant de partir au taff, ta caisse cramée sur le bord de la route. Plus besoin de dormir avec un gun en guise de doudou dans ton pieu. Des marchands de bonheur, ouais des marchands de bonheur. Tu parles, une belle connerie.

On nous à implanté une puce, pas plus grosse qu’une tête d'épingle, entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du cerveau, juste là. Tu ne la sens pas. Mais elle, elle te sent. Elle enregistre toutes tes pensées, qu’elle retransmet à la banque centrale des idées reçues. Là-bas tout est lu, analysé, enregistré, daté et numéroté, toute ta vie en pensées ne t’appartient plus. Elle leur appartient.
Chaque mois ils t’envoient ton relevé cérébral, la moindre connerie qui t’est passé par la tête est écrit là, noir sur blanc. Ca a pour but de contrôler et d’appréhender le criminel potentiel qui sommeil en nous. Avant qu’on ne pense à tuer son voisin, sa voisine, ou la vieille du coin qui fait pisser Youyou son caniche angora tous les soirs (après sa tisane nuit douce), sur les pneus de ta caisse.
Le seul avantage que j’y ai trouvé, c’est la diminution considérable des gens atteints de la maladie d’Alzheimer. Mais est ce que c'était pas mieux d'oublier, finalement.
Quand tu meurs, ils viennent chercher ton corps et ils le brûlent avec ta boite, ta boite noire, qui contient la mémoire de ta vie. Toi, tes pensées, tes souvenirs, dans le même brasier.

On ne plus faire d’erreur, le vieil adage qui disait l’erreur est humaine n’est plus d’actualité.
Ils ont bien fait leur travail, plus de criminalité, plus de danger, tu peux dormir la porte ouverte, il ne t’arrivera rien. Il n’arrive plus rien. Y a plus de vie, plus d’imagination.
Je me souviens étant enfant avoir imaginé un futur, ou les machines se mêleraient aux Hommes. Nous étions des genres de robots, fantasme de Robocop. On en est pas si loin. Sauf qu’à sa grande différence, nous ne sommes pas forts, et pas invincibles.
Nous sommes juste des Hommes qui avons peur, peur de vivre, et nous nous sommes fait bouffer par notre connerie.

Tout ce que je vous raconte là, est enregistré, analysé, imprimé. La concierge de mon immeuble recevra dans quelques jours mon relevé cérébral, en même temps que le sien et ceux des autres occupants.
Je serais plus là pour me relire. Ils doivent déjà être en route pour venir me chercher.
Tout ça, car j’ai imaginé vous raconter l’histoire de votre futur.
Je…

mercredi 20 février 2008

L'école du Diable

Ténèbres.
Quelques gouttes semblent suinter et tomber de murs qu'on ne voit pas.
On entend des lourdes portes qui se ferment en sonnant comme des glas; puis des pas, des pas rapides sur un sol humide et métallique ; ils se répercutent en hauts échos le long d'une cathédrale d'acier.
Enfin les pas de droite rejoignent les pas de gauche: Le Médecin rencontre Le Majordome.

Le Majordome: Eh bien?
Le Médecin: Stationnaire.
Le Majordome: Sa température?
Le Médecin: Mille.
Le Majordome: Mille? Normale donc?
Le Médecin: Normale.
Le Majordome : Ses battements de coeur?
Le Médecin: Aucun
Le Majordome: Normal donc?
Le médecin: Normal.
Le Majordome: Quelle est votre conclusion?
Le Médecin: Dépression
Le Majordome: Mais je ne vois pas ce qu'il pourrait le déprimer tout va au plus mal.
Le Médecin: en êtes vous sûr?
Le Majordome: Nous avons actuellement plus de quinze guerres sur le globe, assez salement ravageuse grâce aux progrès techniques ; un bon million de situations tendues qui font plusieurs morts et quelques blessés graves par mois ; trois tremblements de terre ; deux cyclones ; cinquante inondations et une sécheresse chronique ; une moitié de l'humanité crève la famine, l'autre moitié d'indigestion, la médecine se chargeant des rescapés ; il traîne encore sur la terre 125 maladies mortelles ;les prisons sont pleines ; les galères et les ghettos aussi ; la peine de mort triomphe ; la torture ronronne dans l'huile ; l'indifférence devient une vertu maîtresse ; on gifle les enfants, on les frappes, on les tue, on les viole ; les religions poussent à l'abus ou au crime sexuel, bref je ne vois vraiment pas ce qui pourrait le déprimer.

Le diable sort de l'ombre, cassé par la douleur.

Le Diable: La banalité. Nous clapotons dans la banalité, je m'enlise, j'étouffe.
Le Majordome: Votre Diablerie, vous ne pouvez dire cela. Tout est pire dans le pire des mondes possibles.
Le Diable: il n'y a plus d'avenir pour nous. Le mal est fini.
Le Majordome: Allons, 'est tout le contraire! Vous ne pouvez négliger le renfort inattendu que nous ont récemment apporté les sciences. Le progrès, votre Diablerie, avec tout ce que la physique et la chimie permettent aux hommes désormais, nous a donné l'occasion de décupler notre activité. La bêtise n'a pas augmenté, certes, mais, grâce au soutien de l'intelligence, la bêtise tue beaucoup mieux qu'avant.
Le Diable: Bah! Négligeable.
Le Majordome: Ah! Permettez!J'ai des chiffres!
Le Diable: Foutaise! Pelure d'oignon! La réalité c'est que le mal ronronne et tourne à vide. Il faut trouver quelque chose de nouveau!

Grand Fracas
Déboulent Agaliarept, Sargatans, et Nebiros, trois lieutenants des Enfers. Le Médecin s'enfuit.

Agaliarept: Seigneur!
Le Diable: Hou! voilà qui pue rudement! Enfin une odeur qui rassure.
Agaliarept: Votre Diablerie je crois que nous vous apportons la solutions!
Le Diable: Va, parle.
Agaliarept: Nous sommes descendus faire un tour sur terre : l'humanité est un cloaque, ça ne s'arrange pas, mais ça ne s'amplifie pas non plus. Vous aviez raison, il faut prendre des mesures.
Le Diable: Continue.
Agaliarept: Tout ce que nous avons essayé d'inventer ces derniers siècles révèle du bricolage.
Le Majordome (vexé) : Mais c'est inadmissible! Et la poudre, les canons, les armes nucléaires?
Agaliarept:Bricolage!
Le Majordome: Et la mondialisation de l'économie, la mondialisation des conflits?
Agaliarept: Bricolage! On a simplement agrandi les frontières du village. Ce qu'il nous faut, c'est une bonne révolution!
Le Majordome: Des révolutions? si j'en ai pas organisé dix mille déjà c'est dix mille deux.
Sargatans: Il ne comprend pas, votre Diablerie faut intervenir là ou les hommes ne nous attendent plus: dans leurs esprits.
Le Diable: Que proposez vous?
Sargatans: Changer le regard sur le mal.
Le Diable: C'est à dire?
Sargatans: D'abord vous supprimer.
Le Majordome: Pardon?
Sargatans:Ne plus parler du Diable, ou de nous ses lieutenants. Nous devons disparaître pour devenir efficaces.
Le Diable: Je ne comprends pas.
Saragatans : Il faut ôter sa réalité au mal, qu'on ne le voie plus, qu'on le nie. Tenez, nous vous proposons trois stratégies. A toi Nebiros.
Nebiros: Je suis une théorie selon laquelle le mal n'existe pas. Chacun cherche toujours à faire quelque chose de bien. Et, si ce n'est pas le bien en soi, chacun désire quelque chose de bon pour lui. Bref, le bien et le bon, voici les deux seuls objectifs de l'individu. Imaginez, votre Diablerie: à partir du moment ou l'homme pense cela, le mal n'est plus qu'un accident de parcours, une erreur de jugement, une peccadille, un dysfonctionnement passager, une mouche qui s'égare. Le mal devient négligeable, vidé de son poids, illusoire. Le fauteur reste innocent.
Le Diable: Brillant! Comment appelles tu cela?
Neibiros: L'idéalisme. Croyez moi, si les consciences humaines s'endorment ainsi dans leur célébration, nous pouvons nous y infiltrer, y prendre toute la place et y travailler durablement.
Le Diable: Et toi, Sargatans?
Sargatans: Je suis une théorie selon laquelle le mal n'est jamais qu'un moindre mal.Un mort vaut mieux que cent, une petite guerre vaut mieux qu'une grande, un otage exécuté mieux qu'un conflit ouvert. Je suis le mal à la petite semaine, la mal préventif : une condamnation à mort, même celle d'un innocent, a une valeur d'exemple et d'intimidation; la comédie de la justice l'emporte sur la justice; la vérité ne compte pas, seulement la vraisemblance de l'ordre. Je purge. Je fais le mal pour éviter un mal plus grand. Je noie le mal dans l'océan du relatif, je détermine, je soupèse, je minimise. Tout se calcule. Il n'y a pas de mal, seulement des chiffres, des stratégies. J'analyse, je ne sens rien, je n'ai pas de regard moral, je suis...
Le Diable: Tu es?
Sargatans: Le pragmatisme.
Le Diable: Es tu sûr que cela fasse une théorie?
Sargatans: Certain. La froideur et l'absence de sentiments, chez les hommes, cela passe facilement pour de l'ethique.
Le Diable (à Agaliarept) : Et toi?
Agaliarept: Je suis une théorie selon laquelle un mal n'est jamais volontaire, mais provient d'un ailleurs non humain. Les vraies raisons d'un acte mauvais demeurent tapies dans une zone d'ombre de l'esprit, des ténnèbres, quelque chose comme ici, qu'on pourrait appeler l'inconscient. Si l'homme tue, si l'homme vole, c'est par manque d'amour. Il a derrière le crâne un carrefour inconnu traversé de pulsion violentes dont certaines vont s'exprimer sous de fausses formes mais il sera convaincu que ce n'est pas lui, sa conscience, qui agit, mais son inconscient une bête noire immonde en lui.
Le Diable: Habile mais trop poétique : ça ne marchera jamais.
Agaliarept: Ca marchera les hommes adorent s'innocenter. Ils se prendront pour des anges, des anges à l'aile froissée qui font une petite indigestion.
Le Diable: Et tu appelles cela?
Agaliarept: Le psychologisme.

Le Diable éclate de rire

Agaliarept: La conscience à l'ancienne disparaît. L'homme se pare d'une conscience nouvelle, d'une conscience qu'il croit hautement intellectuelle. Il déclare ne plus jamais faire de mal. Jamais coupable. Jamais responsalbe. Un homme lavé. Une fesse de bébé sur l'autel.
Le Diable: Bravo, Agaliarept, Sargatans et Nebiros. J'ai compris, j'adopte vos propositions, je disparais, je n'existe plus que dans l'invisible, et là, je m'incruste.
Le Diable: Bien. Au travail. Mais vous ne pouvez pas y aller comme cela. Caron, récupère les. Et qu'ils fassent le voyage à l'envers. Transformons les d'abord.

Les Lieutenants du Diable passent derrière un paravent. Il en ressort trois enfants, trois très beaux enfants presque nus, fragiles et émouvants.

Le Diable: Qu'ils sont beaux! Et comme ils vont faire du mal..... Au revoir mes bichons. A bientôt. Ne revenez pas trop vite.
Le Médecin: Mais que se passe t'il? il rit? Que leur envoie t'il? Un nouveau virus? Une guerre mondiale? Une catastrophe naturelle?.

Le Majordome: Mieux. (un temps) Des penseurs.

Eric-Emmanuel Schmitt


mardi 19 février 2008

C'est du cul qu'il veut


"Elle travaille pour un journal de cul. Pas par choix, non, mais ce sont les seuls qui ont bien voulu la prendre. Quelques mois, pour voir. La presse va mal, y a pas grand chose à faire en ce moment, alors va pour le cul, même à l'essai. Enfin au début, affolée, elle a bien failli ne jamais aller au RDV. Seulement, comme tous les journaux l'avaient ignorée, elle s'était dit qu'il vaudrait mieux ne pas faire se farouche.

Pour son premier reportage, on l'a envoyée dans les boutiques de lingerie. Pas dans les boudoirs de luxe ou l'on se tient bien, non, on l'a lâchée dans des trucs sordides ou vont souvent traîner les lecteurs du journal.
Avant même d'y foutre les pieds et d'interroger les vendeuses, elle sait qu'elle n'a aucune affection pour ces pauvres gars. Les hommes qui la séduisent ne sont pas comme ça. Mais c'est son travail et on ne lui demande pas son avis. Comme elle s'y attendait, ce qu'elle griffonne n'est pas.... réjouissant! La chair est triste dans ces boutiques de lingeries, et les vendeuses ne sont pas gaies non plus. Comment voulez vous trouver la vie légère quand les vieux du quartier se collent à votre vitrine, la bouche molle, et les yeux exorbités. Ils ont l'âge d'être leurs grand père et les gamines, ça ne les rassure pas. A choisir, elles préfèrent encore les mômes qui viennent mater de loin sur leur mobylette. Et les timides, qui ne sont pas les pires. Les voir virer au rouge pour demander une guêpière blanche et observer leur regard noyé, pour dire aux filles :" elle est à peu près comme vous", c'est attendrissant. Sinon, elles n'ont aucun respect pour les vrais pervers qui viennent en coup de vent énumérer des tailles notées sur des fiches et détestent les couples du samedi, qui parlent mal aux vendeuses, tout juste bonne à ramasser les strings qui n'excitent plus assez pépère. Une clientèle détestable.
Enfin il y a tous ces accidents évités de justesse. Comme ces mecs qui traversent la rue au péril de leur vie, pour se palucher sur les nouveaux arrivages. Ou ces automobilistes qui perdent la tête pour quelques grammes de tissu, et pilent net sans se soucier des enfants. Certaines n'en dorment plus. Voilà la vérité, quand on pose les questions pertinentes. Mais son patron n'a pas aimé. Il espérait quelque chose de plus "glamour".

En attendant c'est le journal qui se charge de remplir ses journées. Le titre de son prochain reportage est déjà trouvé " le cabinet du Docteur Mabuse". Elle a peur de comprendre ou il veut en venir. En gros (et c'est bien ce qu'elle avait compris) Il veut savoir si les toubibs se tiennent mal quand ils referment la porte de leur cabinet.

Docteur X (gynéco) Lui a dit que tout se jouait à la première visite, si ça se passe bien la patiente reviendra. La plupart du temps il n'y a rien de malsain. Sinon, le docteur X le reconnaît, certaines de ses patientes s'arrangent toujours pour prendre le dernier RDV. Ce sont les mêmes qui viennent en jartelles, mais qui seraient horrifiées s'il répondait à leurs avances. C'est l'idée qui les amuse, pas le passage à l'acte. De toute façon le Docteur X sait garder ses distances.

Le Docteur D (généraliste) Il est émotif et peut être qu'il refoule moins que d'autres. Même si pour le moment il n'a jamais fait la bêtise de s'envoyer en l'air dans son cabinet, il y pense. Et parfois, après le passage d'une jolie fille, il ouvre la fenêtre pour "décompresser" avant la prochaine visite. Toutes ces beautés épilées, parfumées, maquillées à la peau douce qui mettent de la jolie lingerie il trouve ça déstabilisant. Et puis beaucoup ne sont pas pudiques. Elle baisse la tête pour noter qu'il ne parle plus et se lève pour le saluer. Elle aussi à mis du parfum et le docteur D n'est pas rassurant.

Son chef risque d'être encore déçu, pourtant elle a tout fait pour sauver son papier. Une semaine plus tard elle a été convoquée par son patron. Pour cacher qu'elle n'allait pas fort, elle s'était outrageusement maquillée. C'était pas une réussite, mais sa vie était lamentable, alors autant se faire rire en se déguisant en pute. Quand son boss l'a dévisagée, elle à très vite sentie que ce n'était pas de son rouge à lèvres qu'il allait lui parler en premier.

D'abord, il lui dit que son dernier papier est passé à la trappe. L'essai ne sera pas transformé. La vérité c'est qu'il la trouve beaucoup trop coincée pour faire bander les lecteurs. On avait pas de plaisir à la lire, ce qu'elle écrit est, comment dire, trop...Propre. Bref, sa prose manque de cul, de bite, de chatte. De bonne humeur aussi d'ou la question. Car tout se tient, s'est dit le bonhomme, cette fille ne baise pas et, évidemment, parler de cul la rend barge.

En fait elle n'est pas sûre qu'il ait dit tout ça, parce que entre temps elle a fait un malaise. Allongée sur le canapé du bureau du chef, elle se souvient d'avoir vu des gens penchés sur elle lui demandant si un peu de menthe sur un sucre lui ferait plaisir. Elle a du dire oui parce que très vite, elle a senti le goût d'un truc agréable qui fondait dans sa bouche.

Elle se rappelle aussi avoir dit assez fort:
" Hummmm... c'est bon, mais ça manque de cul."
"Vous voulez dire.... ça manque de menthe, c'est ça?" a dit le boss d'une toute petite voix.
"Non ça manque de cul" elle a dit "Enormément!!!"

Elle a ri, avant de s"évanouir à nouveau."


samedi 16 février 2008

Y a quelqu'un?

Pas de sens, pas de direction, j'avance dans le noir et ça me donne la gerbe. Un truc qui vient de loin, du plus profond de mes tripes. C'est dégouttant. Ca te prend là, te colle à la peau et ne te quitte pas.
Je suis libre, libre d'aller ou je veux, quand je le veux. Drôle de liberté, je ne sais même pas ou aller, par quoi commencer. C'est le néant tellement y à de possibilités, de choix.
Tout raser, tout déchirer et recommencer sur un autre brouillon. Je ne sais plus comment on fait. Je vais aller au fond, bien au fond le plus loin du loin. Se laisser sombrer, tomber sans rien essayer, sans rien attraper, sans rien attendre. Jusqu'où peut on aller? Ou est la sortie , la fin? Est-ce une fin ou un commencement? Le début du néant. Du grand rien, ou il y a tout, tout ce que l'on veut y mettre.
Je veux rien y mettre, plus rien, à part ce vide, le laisser m'envahir et me porter, me faire danser au gré des larmes, au gré des mots. Je pensais pas, que... Que, non rien, plus rien n'a d'importance ici, on à plus d'imagination. Je me fais bouffer par mon esprit, il m'a avaler, il me digère lentement. Acide, acide, acide.
Je suis perdue, je suis en suspend, en particule, si minuscule, même pas en majuscule, tu m'apostrophes. Tu me colles là haut et je ne bouge plus, pourtant je pourrais, de consonnes en voyelles ouvrir mes ailes. Rien à faire, je m'écrase, je veux tomber et voir en bas. Y a quoi là bas? Des souvenirs? Des mots que l'on ne s'est pas dit? Des envies qu'on a oublié avec le temps? Trop pressés, on à pas vu. Pas vu que tout filait entre mes doigts filandreux, avide de vide. Tu n'as pas vu, mon reflet dans le miroir, j'étais là, en ombre couleur trottoir. C'est drôle, j'ai peur, je crois que j'ai le vertige.
Elle commence ou la folie?

jeudi 14 février 2008

mardi 12 février 2008

Je te deteste.

Tu viens?



Découvrez Amanda Marshall!

Pourquoi tu ne m'écoutes pas?!


Ah NON!!! Pas encore!!!
Pourquoi est ce que tu ne fais jamais ce que je te demande? A croire que tu le fais exprès!
C'est ça? Dit moi, Hein? Tu le fais exprès, rien que pour me mettre en colère!
Pourquoi tu veux me mettre en colère? tu sais qu'après on se dispute! C'est ça que tu cherches? Que l'on s'engueule? C'est ça? hein? Mais répond moi, quand je te parle!

Regarde moi l'état du lavabo! T'en as mis partout!! Va encore falloir que je frotte!!! Comme si j'avais que ça à faire, nettoyer tes conneries!

Et puis, j'ai jamais aimé cette odeur de mort!

vendredi 8 février 2008

Au revoir


Au revoir:

je trouve ça moche, affreux, beau, et sensuel presque excitant, un paradoxe. Beau, du charisme qui lui donne toute son importance sa puissance et sa valeur. Moche, car c'est à moi que t’as dit au revoir…un matin.

Au revoir:
Cela faisait quelques jours que l'on ne se parlait plus vraiment. Tout dans l'ignorance de l'autre. Exagérer les gestes et les regards en s’efforçant, adopter l'air décontracté, nonchalant, rien à branler (Non ça ne me touche pas , m'en fous t'existes pas (non plus)), parler trop fort, seul(e) pour agacer l'autre, alors qu’en dedans on crève. Qu'est ce qu'on est con. Un coup j’t'aime, l’autre j’te déteste, ou juste un coup...vite fait. Ni noir ni Blanc.. un gris medium , peut être.

Au revoir:
C'est pour me rendre encore plus amoureuse? Me rendre fébrile à tes soupirs, comme aux premiers jours. Quand on se quittait sur le bord du trottoir, sans se dire au revoir, car on savait... Que demain on serait là, à ne pas ce dire...

Au revoir:
Le ton employé était grave, dur, strict, ferme, posé bien en ligne, sans trébucher, tu me l’as craché à la face. Je m'y attendais (pas) de toutes manières. Alors, pfff, je m'en moque. Ca ne me touche même pas.(fière ?!) Pourquoi tu m'as dit au revoir? Ca veut dire quoi déjà? "Au plaisir de te revoir?" C'est ça? Tu ne me l'as jamais dit...avant. Alors pourquoi aujourd'hui?

Au revoir:
Je ne te crois pas, tu ne tiendras pas. J’comprends pas. C'est une blague? Une devinette ? Tu me testes? Tu veux savoir si je tiens à toi? Me voir courir dans le couloir, te rattraper, te supplier, pour que tu restes, encore un temps, le temps de se pardonner? Dis moi, je ne comprends pas….T'es plus là. Le couloir est noir, trop tard.

Au revoir:
Tu effaces toutes ces années en deux mots? Je fais quoi, avec ça? Je les prend, je les garde pour moi, je les colle en déco terne sur un mur (à) vif? Ca mange quoi? J'ai pas fait les courses, des yaourts? Ca va? J'en fais quoi? Je les range, tu reviendras les chercher? Je les emballe ? je les protège ? Ca à l'air fragile, prêt à se briser.

Au revoir:
Ca fait partie des souvenirs, tout ce qui vient juste avant "Au" et "Revoir ? Même ces fois ou tu me prenais sauvagement tendrement, mi homme mi bête, nos corps suintants de désir et de rage, assoiffés de passion, les sens en éveils ou on s’aimait le corps tendu . Et ce voyage improvisé un jour de pluie? Tous les mots que l'on s'est dit, et ceux que l’on à pas osé? Et ce caillou qu'on à trouvé, tu sais? le caillou? Le notre, ce bout de rien, qui représentait tout. Ca aussi?

Au revoir:
C'est idiot ma mère m'a toujours dit de dire au revoir, la tienne aussi apparemment. Mais moi je n’ai jamais été poli. Toi si.

Au revoir:
Tu me laisses en plan, avec ça sur les bras. Ca vit combien de temps un au revoir? Je vais devoir me le traîner toute ma vie, à mes côtés comme un boulet? à me suivre partout?
-" Bonjour, Plume (De Chatdaiguille) enchantée."
-" Pardon?."
-" Ah non, cette chose c'est "Au revoir", mon boulet. Ne vous en faites pas, il ne mord pas, il est propre ne craignez rien pour votre tapis."
-" S'il fait du bruit?"
-" Ca dépend des jours, en ce moment il est calme, faut pas l'emmerder."

Au revoir:
C’est comme une saloperie qui te ronge la peau, une sorte de galle verbale, qui se réveille quand t’es seule, et qui résonne. Mais qu’est ce que t’es allé me dire au revoir. T’aurais pas pu dire salut, en point et tu ponctues. Mais là, au revoir, ça laisse quoi ? De l’attente, et j’aime pas attendre. J’attends quoi ? Que le temps me fasse moins mal ? Que tu reviennes et comme une chienne que je t'aboie à la gueule? Je m’y attache à cet au revoir. Tu me l’as balancé, sans même lui demander si il voulait de moi. Et aujourd’hui je me le traîne, à attendre qu’il crève, pour que je puisse redire bonjour.


Au revoir :
Et si tu ne me l’avais jamais dit ? On en serait ou ? Encore à se détester dans des je t’aime sans odeur. Toi, à faire semblant d’être heureux, et moi à faire semblant de jouir. On en serait là, avec des regrets peut être, à épuiser le temps qui nous épuise, à compter le temps qui nous retiens de rêver ailleurs. Pourquoi m’as tu dit au revoir un matin ? C’était pas mieux un soir ?


mercredi 6 février 2008

Ils s'aiment


Ils s'aiment
" Pourquoi? Parce que. C'est si loin il faudrait revenir au début. Ils se connaissent depuis toujours. Ils ont grandi et grossi ensemble et même abimé ils semblerait qu'ils se fassent encore rire. De moins en moins c'est vrai, mais elle tient beaucoup à lui. Lui on aurait pu l'imaginer faire sa vie avec quelqu'un d"autre, elle non. Enfin au bout du compte ils se voient trés peu. Et si aujourd'hui ils sont encore ensemble ils pensent que c'est un peu à cause de ça. C'est surtout elle qui surcharge son agenda. Mais le plus souvent c'est lui qui part. Quand elle n'est pas là, c'est sa cuisine qui lui manque le plus. Elle le nourrit divinement. Sinon quand elle est grognon et ça arrive souvent, elle se colle au radiateur en disant qu'elle à froid. Il la préfère avec un coup dans le nez.

Ils s'aiment...
Et on les aime ensemble. Surtout lui. Tout seul il n'à aucun intérêt.

Ils s'aiment...
Mais pour combien de temps? C'est lui qui n'est pas trés clair? D'abord il caresse sa femme de façon un peu voyante. Ensuite, il fait le jaloux quand elle va déjeuner avec une amie. Et enfin, depuis quelques temps, il insiste pour sortir le chien qui sert d'alibi pour appeler sa maitresse. Tout ça devant tout le quartier, qui vient de comprendre pourquoi soudainement il était devenu serviable. Promener le chien... Ah ça lui va bien! On attend le clash pour bientôt. On le souhaite même. C'est une gentille fille qui mérite mieux que ce trouduc.

Ils s'aiment...
Nerveusement. Au début on les prend pour des fêtards. Mais comme à chaque fois qu'ils reçoivent, la musique est beaucoup trop forte, trés vite, on comprend que ça cache quelque chose. C'est une fausse joyeuse qui s'étourdit parce qu'elle à peur de mourir. Autour d'eux tout le monde est vaguement au courant. Alors c'est lui qu'on câline quand on vient guincher dans leur grande maison. Apparemment il a l'air costaud, mais elle l'épuise. Si ça continue il va partir avant elle.

Ils s'aiment...
difficilement, parce que pauvrement. les problèmes d'argent abîmes tout.

Ils s'aiment...
Parce qu'ils se ressemblent. Ils travaillent comme des dingues et n'aiment pas montrer qu'ils gagnent beaucoup de pognon. D'ailleurs ils ne montrent rien. Ou si peu. Pour comprendre deux ou trois choses il faut aller chez eux. Il passe son temps à baisser le chauffage et elle, elle cuisine les restes. Mais le mieux, c'est encore de demander ou est la salle de bains, histoire d'apercevoir leur chambre. Oui, celle avec la grande glace en face du lit. Je sais ça étonne, mais ces deux-là, quand ils ont fermé la porte et couché les enfants, ils adorent ce mater le cul.

Ils s'aiment...
Par-derrière. Enfin, officièlement, on se sait toujours pas lequel des deux encule l'autre.

Ils s'aiment...
Sans douceur. Elle le traite de veillard devant tout le monde et pour prouver qu'elle a raison, elle le mitraille avec son appareil numérique. Ses photos son monstrueuses. Mais elle, ça ne la gêne pas. On dirait même que ça l'amuse. Lui, il dit que c'est la plus grande flemmasse de la terre et comme elle a un avis sur tout, il trouve aussi qu'elle se la pète. Sinon quand il a peur qu'elle se fâche (elle est assez suceptible) il lui caresse les seins davant les copains et apparemment ça va tout de suite mieux.

Ils s'aiment...
Nus. Habillés, devant les autres, elle passe son temps à dire du mal de lui et lui, il saute sur tout ce qu'il bouge. Mais ils s'aiment , d'une certaine façon.

Ils s'aiment...
Méchamment. Elle l'humilie en public en hurlant que c'est un raté, qu'il a moins de diplômes que ses confrères et qu'il tremble quand il opères ses malades. Elle dit aussi qu'enfant il a tué son petit frère, sans le faire exprès mais quand même. Et puis, elle adore raconter que leur fille n'est pas de lui, parce qu'il a eu les oreillons très tard et qu'il se fait des pîqures dans la verge, pour continuer à avoir la trique. Lui, il se tait et il attend qu'elle crève.

Ils s'aiment...
D'un amour raisonnable et vaguement ennuyeux. Il a quinze ans de plus qu'elle et même jeune, il avait l'air vieux. Quand elle l'a épousé, il y a pas mal d'années, elle a dû sûrement le trouver réconfortant. Il avait des meubles de familles, un bon travail et autour de lui ça sentait l'argent. Oui, je crois qu'elle à cru qu'elle avait fait un beau mariage. Cinq enfants plus tard elle est un peu groggy. Si physiquement il n'a pas trop changé (l'avantage d'avoir toujours l'air vieux), il ne la rassure plus depuis bien longtemps. Surtout, depuis qu'il a perdu son boulot. De voir tourner en rond cet homme sans passion ça lui fait comme un trou dans l'estomac. Alors souvent, elle le laisse tout seul et lui, il l'attend. Quand elle rentre, il s'est inventé une journée palpitante, mais comme il radote, ça ressemble toujours à la journée d'avant. Alors elle va se coucher, en espérant qu'elle dormira quand il viendra plus tard se glisser dans leurs draps. Parfois elle s'envoie en l'air avec d'autres. Et ces jours là, elle est encore moins gentille que d'habitude. Pourtant, elle n'a aucune envie de lui faire de la peine. Ils s'en font déjà bien assez comme ça. Il n'est pas idiot, il sait que sa femme rêve d'autre chose. De quoi? Ca c'est plus compliqué, mais visiblement, dans le film qu'elle se repasse en boucle, il n'y a pas de rôle pour lui. Il a raison. Si madame avait les moyens de refaire la distribution elle se choisirait un autre mari. Un qui l'aimerait brutalement dans la journée et la cajolerait le soir. Celui qui partage sa vie ne fait ni l'un ni l'autre. Enfin heureusement, elle a des amis bruyants qui avec ses amants, discrets, l'aident à tenir jusqu'au jour suivant. Elle ne le quittera pas. C'est son mari et va savoir pourquoi, elle l'aime, d'un amour raisonnable.

Ils s'aiment...
Beaux, jeunes et riches. Moches, vieux et pauvres, ils ont essayé aussi. Ca n'a pas tenu.

Ils s'aiment...
En se surveillant comme du lait sur le feu. Ils ont aimé avant, chacun de leur côté, et ça les a rendus prudents. Lui il n'aimait pas trop que la précedente fasse du gringue à tous ses amis. Alors depuis il choisit mieux ses femmes. La nouvelle est charmante, mais pas charmeuse. Enfin il à envie d'y croire parce qu'à force de surveiller ses gonzesses, le pauvre il à attrapé un strabisme divergent.

Ils s'aiment...
Parce qu'elle est trés grande, parce qu'il est trés grand et qu'ils detéstent les petits. Une vision du couple qui ne leur à pas spécialement réussi. Leurs enfatns grandissent trés lentement.

Ils s'aiment...
Mais elle ne suce pas. Elle n'aime pas ça. Lui si, évidemment. Du coup, ça ne va pas trés fort ces temps ci. Aux dernières nouvelles, il en a trouvé une autre. On ne sait rien d'elle, à part sans doute qu'elle le suce... Ou alors il est vraiment trés con.

Ils s'aiment...
Parce que c'est pratique. En attendant de trouver mieux.

Ils s'aiment...
Et ont beaucoup d'enfants. Peut-êre un peu trop. C'est simple, elle n'arrête pas. Lui il est bronzé même l'hiver. Avec tout le boulot qu'elle se tape, il a le temps de partir en vacances. Tout seul, pour se reposer. Se reposer quoi? C'est ce que tout le monde se demande. Il devrait faire gaffe, elle va finir par se lasser.

Ils s'aiment...
Mais ca coinçe souvent. En dehors du fait qu'elle le trouve brillant et qu'il aime les enfants qu'ils ont fait ensemble, elle, elle aimerait qu'il écoute un peu plus ce qu'elle a sur le coeur. Lui, il la préfère silencieuse et si possible allongée.

Ils s'aiment...
Mais ils ne sont pas inspirants. En fait, on a du mal à croire qu'ils son ensemble. C'est étrange d'ailleurs, parce qu'un jour d'une seule phrase prononcée au bon moment, il a sauvé la vie de sa femme qui se noyait dans des paradis artificiels. Si ce n'est pas de l'amour ça?

Ils s'aiment...
Non, elle s'aime. Enormement. Lui, pendant qu'elle se regarde le nombril, il se masturbe. En pensant à de jeunes filles.

Ils s'aiment..
Car ils sont opposés. Ils s'emboitent comme des idées. Ils sont beaux. Amoureux. On les envie, un peu, souvent même.

Ils s'aiment...
Et... Ah c'est fini et depuis quand? Vous êtes sûr? Bon.
Ils ne s'aiment plus. Ils se sont aimés.

Ils s'aiment...
Depuis hier. Que dire de plus. "