mercredi 27 février 2008

On fera avec.

J'aimerai grimper au sommet d'une grande montagne.
Une fois le but atteint, on doit se sentir super bien, fier de soi. On dit se sentir....
... l'Homme le plus haut du monde.
Seulement quand on a plus de but , on se sent bizarre.
Il nous faut alors en retrouver un d'urgence...
...Sinon on meut.
Ce qu'il y à de bien avec le sommet des montagnes, c'est qu'on est plus prés de Dieu.
Alors on guette, on attend un signe, on espère.
En général on est déçu.
Dieu ne veut jamais se montrer.
Ou alors quand il le fait...
On ne sait plus trop, si on a bien fait d'espérer.
La vie est compliquée.
C'est toujours quand on croit que l'on est au fond du gouffre
Qu'on est certain de ne pas pouvoir descendre plus bas
Qu'on aura beau s'agiter, l'existence ne pourra être plus pourrie.
C'est toujours à ce moment là, que ça empire.
Quand jetais petit(e) je rêvais souvent que je tombais de très haut.
Je n'arrivais à me raccrocher à rien
J'essayais d'appeler au secours mais ma bouche restait muette.
L'avantage quand on est enfant c'est qu'on a encore le réflexe de se réveiller avant de s'écraser.
Plus tard, on vieillit.
Globalement on passe une grande partie de sa vie à souffrir.
La souffrance du corps, celle de l'esprit.
c'est vrai qu'il y a aussi des moments magiques.
Certains instants ou se sent étrangement plus proche de soi et l'univers.
Mais quand même on doit toujours tout payer par la souffrance.
Il y a toujours quelqu'un pour nous regarder tomber.
C'est difficile les relations avec les autres.
On cherche tout le temps à être aimé.
Et puis aussi à aimer.
Mais souvent ça rate.
Il arrive que des gens qu'on aime meurent.
Là, c'est horrible, une douleur sans fond.
Alors on laisse le temps passer en espérant que le vide se comble.
Mais il nous reste toujours un trou dans le ventre.
On appelle ça l'absence.
Il y a des moments ou tout devient très compliqué.
On se sent épuisé par l'acharnement qu'on met à essayer de vivre.
On se cherche alors une bonne raison pour tenir encore un peu.
Souvent on en trouve une, on est regonflé, rassuré.
... Pour un temps.
Des fois, on décide de descendre le plus bas possible.
Jusqu'en enfer, rien que pour être certain qu'il y a pas pire.
Mais c'est dangereux de faire ça.
Parce qu'à chaque fois, il faut se trouver un nouveau moyen de remonter.
J'ai très peur du vide.
Peut-être que c'est la peur du vide qui nous empêche de nous élever.
Et c'est vrai que c'est tentant de s'élever.
Se rapprocher de Dieu.
D'un autre côté Dieu c'est très surfait.
Des fois les gens me parlent de leurs enfance.
Des souvenirs plein de tendresse.
Des horizons sans limite, une confiance absolue dans l'avenir.
Des rêves démesurés, des envies gigantesques.
Puis après je leur parle de mon enfance.
Je n'ai pas très bien vécue mon enfance.
Je n'attendais qu'une chose: devenir adulte. Pour moi, ça signifiait "être bien".
En effet, les adultes me paraissaient tous étrangers à l'angoisse, à la peur, à tous les monstres qui me peuplaient.
Alors dès que j'ai sentie que j'étais prêt(e).
Je suis devenue un(e) adulte.
Quand on est petit on à peur des monstres.
Même en grandissant ça ne s'arrange pas.
Il y a toujours quelque chose qui nous hante.
Mais quand on est petit on peu toujours se réfugier sous les couvertures.
Tandis qu'après, il n'y a que notre peau qui nous protège.
La vie c'est comme une maladie qu'on attraperait très tôt...
...Dès la naissance.
Après on passe son temps à courber l'échine, à sourire pour ne pas mordre.
On essaye d'oublier comme on peut que , de toutes façons ont est condamné.
J'ai beau chercher je ne vois vraiment pas ou est le miracle de la vie dont tout le monde parle.
La rédemption par la souffrance est une grande idée chrétienne..
J'ai un doute.
Mettons que Dieu soit mon berger.
La fonction première du berger est d'élever des moutons..
..De les protéger des loups, de leur trouver de chouettes pâturages...
...Pour à la fin les emmener direct à l'abattoir.
La mort est une belle invention.
Aux moments pénibles, on a tous pensé à la mort comme une délivrance.
Mais comme on se sait pas du tout ce qu'il y a derrière, on hésite..
En gros, ce qui nous pousse à préférer une existence de souffrance, ce n'est pas la crainte de la mort...
C'est la crainte d'une souffrance encore plus grande.
Je ne suis pas mort(e).
Je m'émerveille encore
Je suis encore capable de regarder le monde comme un tableau.
Je suis encore émue de sa beauté.
Mais, j'ai en permanence le goût amer de la défaite dans la bouche.
On n'aime pas partager.
On se garde nos trésors pour nous.
Pas forcément par méchanceté
Mais plutôt parce qu'on pense que ce qu'on donne ne va pas être compris.
Cette prétention nous contraint à blesser ceux qui nous aiment.
Et puis quand on se rend compte du trop plein d'amour qui nous constipe, il est souvent trop tard.
Il y a vraiment que la fuite qui soit universelle.
On fui tous le danger, c'est un réflexe.
On court du plus vite qu'on peut, jusqu' épuisement.
Bien sûr, la vie nous donne quelques moments de repos ou on peut s'arrêter et reprendre son souffle.
Mais dès qu'on ralentit, le danger nous rattrape. C'est la loi du sport.
Quand j'étais petit(e) j'aimais bien regarder les nuages.
Comme tout un chacun, j'y voyais des trucs merveilleux.
Et là, un lapin avec des ailes, et là un dragon qui se réveille...
Aujourd'hui, j'ai nettement moins d'imagination.
Ou plus du tout.
Il me reste beaucoup de proches à voir mourir.
Tellement de coups à recevoir en pleine gueule.
De déceptions, d'espoirs irréalisables, de tortures quotidiennes.
C'est incroyable ce qu'il nous reste à souffrir avant de mourir à notre tour.
Au bout d'un moment l'angoisse devient un compagnon.
Je vis avec elle. A tous les moments elle est à mes côtés.
Parfois elle me paralyse.
Ou alors elle me rassure comme seule chose stable de ma vie, mon point d'ancrage.
Mais dans tous les cas, elle m'etouffe.
Il parait qu'il y a des gens qui ont vécu une "Near death experience"
Mais un truc les a fait revenir de justesse.
Beaucoup d'entre eux parlent d'un long couloir noir avec une petite lumière au bout.
Ca m'etonne franchement que l'image qu'ils ont de la mort soit si proche de celle que j'ai de la vie.
J'aime la solitude.
En fait je ne sais pas si c'est la solitude qui me plait..
..Ou si c'est les relations avec les autres qui me font trop peur (de m'ennuyer).
La solitude qu'on choisit est un repos.
Mais c'est vrai qu'au bout d'un moment ça peut lasser (comme tout)
Alors on part à la recherche de nos semblables (grosse erreur)
On part avec l'espoir de trouver à qui parler, avec qui partager le poids de la vie.
Mais il est rare de trouver des gens capables d'écouter.
Le goût prononcé des gens à se réunir me sidère.
Non pas que ma seule compagnie me satisfasse, mais je déteste les rassemblements.
Des fois j'ai l'impression que les gens attendent beaucoup trop de moi
Faire de l'humour est le seul moyen que j'ai trouvé pour parler aux autres.
Et des fois ça marche les gens m'aiment. Mais moi?
Il y a nos lachetés, nos manqués, nos handicapés,
Nos méchancetés gratuites, notre égoïsme, nos envies gâchées.
Nos mensonges, nos vies pas vécues, nos regrets, les cadeaux qu'on a pas fait.
Nos remords, les choses pas dîtes aux bons moments.
Il y a tout ça et on a le culot de nous demander d'être heureux!
Je n'aurais pas assez d'une vie pour pleurer mes morts.
Il va falloir heberger leurs fantômes, les garder en moi..
Nos fantômes on ne peut pas les mettre de côté, parce qu'ils nous construisent plus qu'ils nous rongent.
Un jour, je serai, un fantôme aussi.
J'espère seulement qu'il y aura quelqu'un pour m'héberger.
J'aurai beaucoup courru, beaucoup fui...
J'aurais vu des choses horribles et magnifiques qui m'auront brûlé l'espoir...
Sans jamais savoir si vous les avez vues aussi...
Parce qu'en définitive, on ne se sera jamais parlé...
Et encore moins compris.
Il n'y a pas si longtemps, j'aimais l'affrontement
J'aimais avoir le dernier mot brutal pour me rassurer de n'avoir rien à dire.
Et puis en vieillissant j'ai réalisé que nos vrais ennemis on les porte à l'intérieur.
Dans ce nouveau genre d'affrontement il faut se trouver de nouvelles armes.
Des armes qui ne peuvent que blesser que nous.
Je n'ai pas envie de mourir.
Ce serait faire injure à ceux qui n'ont pas le choix...
Et puis malgré tout je crois encore en la vie.
Il me reste encore des choses a explorer.
Il me reste à niquer le monde.
Il me reste tellement de montagnes à vaincre.
Il me reste à être " l'Homme le plus haut du monde"
Et si tout ça suffit pas...
Je trouverai bien un nouveau sommet auquel m'attaquer.
Et si ça suffit pas...
...On fera avec.












(Manu Larcenet)


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bienjour,
on se pose des questions,
des questions de gens,
des gens qui avancent quand ils se sont posés les questions_
Drôle de vie des fois que l'on a sur les bras,
des bras d'homme ou de femme en vie
et qui cherchent dans cette vie d'autre moment de vie.
Pas facil quand c'est dur, et quand c'est dur, c'est trop facil.
Je ne sais pas où je vais mais j'ai lu et même vu la photo du coincoin au dessous, ça c'est marrant car peut-être que c'est lui qui a les réponses..
Peut-être que les canards eux, nous envient après tout,
j'ai une fois pataugé dans la boue mais je me suis vite ennuyé.
Mais dans cette image en dessous de ce texte, qui aurait peut-être pû être dans le même article, il y a un miroir et c'est dans ce miroir pour l'homme comme pour le canard qu'il y a des solutions,
dans son reflet, son inconscient ?
l'image de son autre soi.
Tant pis, l'autre soi est beau, laissons aller la vie_

Bon texte