lundi 3 mars 2008

Ephémère.

L’appart est grand, type Haussmanien, haut de plafonds, moulures, mélange subtil de contemporain et d’antiquités, ça pu le fric. Qu’est ce que je fous là ? J’accepte jamais les invitations. Le champagne coule à flot, défilé de gosses beaux et de leurs bimbos. Certains bobos se la pètent en tenants leurs verres entre deux doigts, nonchalamment mais sûrement. Tout est étudié. De la paire de mocassins, aux lunettes voyantes, rectangulaires noires, le sourire, ultrabright qui se veut naturel. Ils bossent dans le pub, la comm', ou un truc dans le genre. Z’ont tous la même gueule. Qu’est ce que je fous là ?

Je suis en retrait, je regarde, je scrute, j’observe, l’espèce humaine en communauté, ça me fait rire. C’est ça, ou je m’accroche à une bouteille, et je me la joue ultra sociable. Parler à tout le monde, sourire sur la face, démarche cadencée, poitrine en avant, le rire posé, le regard certain, me rendre insaisissable, je sais faire aussi. Je vais jouer, un peu. Y a que ça à faire de toutes manières. Qu’est ce que je fous là ?

J’attrape une bouteille, Cristal, c’est parti, je sers à tout va, tout le monde est n’importe qui, je m’invite dans des petits tas… de gens, dispersés ici et là. Je me présente, ou pas, le plus souvent, pas. Je passe furtivement, les yeux dans les yeux de ses autres. Je baisse pas le regard, j’insiste. Ca me fait rire, je souris de ma connerie et je m’enfuie. Je suis venue seule, qu’est ce que je fous là ? j’accepte jamais les invitations.

Ca parle art, qu’est ce qu’ils y connaissent réellement en Art ? Je me le demande, mis à part le montant du chèque qu’ils ont signé pour la dernière croûte de l’artiste en vogue du moment… Mouais, Puis t’as toujours un con qui te parle pour être sympa alors qu’il en a rien à faire de toi, et que toi c’est pareil, alors je ne dis rien, je le regarde et je souris. Je m’éloigne, j’allume une clope. Assise sur le rebord de la fenêtre, ma coupe à la main, j’ai du vernis rouge sur mes ongles et je fume. La rue est déserte, personne ne passe.

Ma coupe est vide, comme mon envie.
- "Bonsoir... Plume ? C’est bien ça ?"
- "A qui ai je l’honneur ?" Je souris bêtement, je crois que ça se voit.
- "Nous dirons que je suis l’inconnu, l’inconnu de la soirée."

L’inconnu de la soirée… Ma coupe est de nouveau pleine. Il me tend une cigarette , qu’il vient d’allumer. J’aime son regard. Je ne parle pas, lui non plus, et ça me plait.

Les autres se font de plus en plus voyants, les verres se remplissent, la familiarité s’installe, les langues se délient, certaines un peu en avance sur le temps, se lient, et se relient… au rythme de la lounge qui passe en boucle.

Il sourit lui aussi, je le regarde. Les traits de son visage sont dessinés, son nez, sa bouche, ses sourcils, ses yeux… J’aime son regard.

Un mot, donne moi un mot. J’aime que l’on me donne des mots, j’aime pas les phrases, ça m’ennuie, mais les mots, juste un, et tout un univers prend vie.

« Ephémère » c’est son mot, ça lui va bien. Il rigole, je le regarde rire, j’ai envie de l’embrasser. Je me demande si il embrasse comme j’aime. Cette idée me fait sourire… Moi, mon verre à moitié plein, que je m'empresse de vider, mes ongles rouges et ma clope pas encore allumée…

Il est beau cet éphémère.

Qu'est ce que je fous, là?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup . mais j'ai préféré le précédent . . .

Plume de chat d'aiguille a dit…

:)