jeudi 6 mars 2008

Lundi matin 9heures et des poussières.

Dimanche 18 heures.
Il a une tête que l'on ne retient pas. Il le sait. Pourtant sur le moment, on ne le trouve pas forcément désagréable. Mais la fois d'après, tout est à recommencer. C'est ce qui a du se passer avec sa femme. Un jour, elle aussi elle l'a gommé de sa mémoire. En partant, elle lui a laissé en souvenir une grande adolescente fadasse à qui il n'a rien à dire. La mère l'intéressait un peu, seulement voilà, le miracle ne s'est pas reproduit avec la fille. D'ailleurs, il la regarde grandir en pensant à autre chose. Il pense à sa vie qui n'est pas palpitante. A son boulot qui lui prend la tête, et à son chef qui le chronomètre pour faire du chiffre et augmenter les cadences. A l'usine il fait pourtant partie des plus rapide, mais à la direction là haut ça râle tous les jours, ils en veulent toujours plus. Aujourd'hui il n'est pas allé dans le petit stand de tir ou il est inscrit. C'est la seule chose qui l'amuse encore depuis qu'il ne tire plus sa femme. Aujourd'hui il a de la fièvre, les yeux rouges et mal à la tête.

Dimanche 18 heures.
Dans sa cuisine Nadine coupe les légumes pour la soupe qu'elle servira à ses enfants demain soir. Elle est comme ça Nadine toujours en avance sur tout. Il n'y a rien d'imprévu dans la vie de Nadine. C'est un peu ennuyeux parfois, mais Nadine ne peut pas faire autrement. Demain par exemple elle va à Paris acheter les cadeaux de Noël. Elle prend le train de 9H28 et ses billets sont réservés depuis longtemps. Dans la capitale ou elle s'était epuisée des années à essayer d'être une mère et une femme parfaite, Nadine n'était pas à sa place. Tout était trop compliqué, trop loin, trop...Tout. Aussi quand son mari fut muté en province, la petite ville qui a priori ne fait rêver personne s'était imposée sans casting. Tout de suite elle avait senti que cet endroit avait tout pour lui plaire. Ni trop grande, ni trop petite, rassurante, rien de mortelle. Ce n'est pas parce que le petite ville a une taille raisonnable quon ne peut pas s'y faire une belle vie. Au contraire là-bas elle voulait une maison qui ressemble à un dessin d'enfant, des écoles à taille humaines avec des cours de récréations lumineuses, une bicyclette pour aller à la gare, enfin toutes ces choses qui font fantasmer quand on étouffe dans la grande ville. Et tant pis si ça horripile ses copines de la capitale qui adorent la narguer en lui disant " Ca va tu ne t'emmerdes pas trop dans ta campagne?" Au début, elle leur précisait qu'elle habitait une ville, avec des feux rouges et des rues. Maintenant elle leur sourit et ça les agace. Tous les jours elle se dit que de s'installer dans cette petite ville c'est la meilleure chose qu'elle ait faite depuis longtemps.

Dimanche 18 heures.
Comme tous les dimanches , Muriel se demande ce qu'elle va bien pouvoir donner à manger à ses loupiots. Si elle ne trouve pas elle ira chercher des pizzas. De toutes façons ce jour là, il n'y à rien d'autre d'ouvert dans cette petite ville à la con. A Paris l'eventail était plus large, pour les filles qui comme elle font tout au dernier moment. Seulement comme beaucoup elle à fui la capitale. Avec son petit salaire aléatoire elle ne pouvait plus suivre. Sur les conseils d'une amie qui savait que Paris était pour le moment le seul endroit à lui offrir encore un peu de travail, elle a pris un compas. L'idée, faire rentrer dans un rond tous les endroits à une heure de train de la capitale. Et c'est là qu'elle a vu le nom de l'affreuse petite ville qu'elle connaissait un peu. Sa soeur Nadine y vivait comme une reine. Les rares fois ou elle lui avait rendu visite dans sa maison de conte de fées, elle avait eu envie de lui faire, faire la truie, pour que cet air de bonheur béat disparaisse à jamais de sa sale tronche de cake. Pourtant pour lecher les miettes de la vie de Nadine, Muriel était prête à tous les sacrifices. Et finalement sans prévenir personne elle à pris un appartement dans la petite ville. Un deuxième choix qui avait pour seul objectif de contrarier sa cadette. Cet endroit ressemblait à un decor de théâtre. Joli en façade et derière... du vide. Elle regrettait d'avoir quitté la grande ville. D'ailleurs demain, elle prend le train de 9H28 et comme d'habitude elle n'a pas son billet.

Lundi 8 heures.
Ca fait maintenant une heure que Nadine est debout. Les autres sont déjà partie alors elle traîne dans sa jolie cuisine. Dans un quart d'heure elle va monter se faire belle, elle ira à la gare avec assez d'avance pour avoir le temps d'acheter les journaux. Avant de refermer la porte elle laisse un mot sur la table " A ce soir mes amours." Elle chante, elle est radieuse, elle a la vie devant elle.

Lundi 8 heures
Il est furieux. Sa fille a découché. C'est la première fois. Bizarrement, de voir la chambre vide de son ado, lui a fait un coup au foie. Même cette endive insipide est capable de lui faire du mal. Ca l'étonne et c'est insupportable. Encore fiévreux, il se dit qu'il n'ira pas travailler. Le petit cheffaillon qui lui crie dessus peu aller se faire foutre. Il n'est pas énervé, non, c'est plus grave que ça. Oui, aujourd'hui, puisqu'il n'est plus capable de donner envie de rentrer à une boutonneuse, il part faire la guerre. Pourtant, avant que sa femme se barre, il vait d'autres rêves plus charmants et plus pacifiques. Comme Thierry Lhermite, son idole, il voulait emmener ses gonzesses faire le tour du monde en voilier. Seulement lui, il ne serait pas revenu. Tourner Les Ripoux 3 n'était pas au programme. Il aurait bronzé sous sa barbe et les filles auraient été heureuses. Mais sa bonne femme qu'il adorait n'avait pas voulu le suivre et l'autre molasse là, qu'il gardait en otage en attendant je ne sais quoi, préférait maintenant dormir dans d'autres lits. Alors voilà, il à mis sa veste en cuir et son chapeau de tous les jours et il est sorti.

Lundi 8 heures
Muriel émerge à peine. Elle vient d'entendre la porte claquer. Se lever avec les enfants est de plus en plus difficile. Depuis quelques mois, ils vont à l'école à la bourre, et la plupart du temps le ventre vide. En voyant les deux bols propres, elle s'en veut de ne pas avoir eu le courage de leur préparer un chocolat. Elle se trouve minable et pourtant elle bouffe, quitte à être elle aussi en retard. Il va encore falloir cavaler pour attraper ce foutu train.

Lundi 9 heures
De la vieille voiture qu'il vient de garer dans le centre ville, l'homme à la tête qu'on ne retient pas sort un fusil 22 long rifle.
Il va tirer sur tous ce qui bouge. Essentiellement des femmes et si possible jeunes et belles. Depuis que la sienne est partie, les filles joyeuses qui sentent un peu trop bon lui donne envie de vomir. Et ce matin c'est sur celle là, qu'il compte s'acharner en priorité. Il va faire un carnage. Pour se chauffer un peu il abat une prière beauté d'à peine 20 ans, qui n'aurait jamais du, la pauvre passer sur ce boulevard tranquille, ce jour là. Comme il tire bien, elle tombe sans même pousser un cri. Et d'une! Ravi les choses se passent facilement, le fusil levé vers le ciel, il marque une pause très courte et il avance lentement vers la mairie. Personne ne sait encore qu'à quelques mètres de là, le coeur d'une très jeunes femme s'est arrêté de battre. Un peu plus loin, devant une agence d'interim, une secrétaire roulée comme une déesse vient de sortir pour allumer une cigarette. A nous deux ma chérie. Il lui tire dessus au moment ou elle se retourne vers lui, de la fumée plein les narines. Elle l'à vu et l regard qu'elle lui lance est plein d'étonnement. Trop tard! Comme l'autre, elle s'affale sur le bitume. Il est content, la fille était jolie comme un coeur. Survolté, il cherche déjà des yeux sa troisième victime. Tiens, la voilà qui arrive sur son vélo tout neuf. C'est indiscutablement la plus belle des trois. Les seins comme deux obus, elle se tient bien droite et elle pédale. Insouciante cette fille pue le bonheur.
Alors pour lui apprendre un peu à cette chienne à respecter les pauvres gars qui n'ont pas eu sa chance, il la tire comme un lapin. Parce qu'il à décidé, l'histoire de cette splendeur au port de reine va s'arrêter là. Voilà c'est fini. Il l'a eue du premier coup comme les autres. Le tombeur de ces dames peut se vanter d'avoir fait un sans faute.

Lundi 9H22
Sur son vieux vélo rouillé, Muriel sait déjà qu'elle à loupé son train. Il lui faut dix minutes pour aller à la gare et une fois de plus elle s'est fait avoir. Ce matin, c'est la troisième biscotte de confiture qui lui à été fatale. Son mari qu'il l'a quitté y a deux ans (entre autre a cause de ses retards) voulait toujours savoir ou elle disparaissait des heures. Elle n'a jamais su répondre. Comment lui expliquer que le temps devient mou à chaque fois qu'elle quitte un endroit pour un autre. Un jour il n'a plus posé de question, il est parti, en la laissant transpirer toute seule. Parce qu'elle courait toujours aprés les trains, les bus, la vie. Elle n'etait pas guérrie la preuve ce matin elle pédale, en grillant les feux rouges. Elle est folle de rage, ses fils voudraient bien allez dormir chez leur tante qu'ils trouvent moins angoissante que leur mère. Ces petits cons ont raison. Nadine est formidable. Et quand elle va à la gare, elle n'est jamais en retard. Muriel ne sait pas encore que dans la petite ville ou il ne se passe jamais rien, Nadine a fait tout à l'heure une mauvaise rencontre. Canardée en pleine rue par un maboul qui marche toujours, sa soeur n'achètera jamais ses cadeaux de Noël.

Lundi 9h28
Il la voit passer à vélo, comme l'autre, un quart d'heure avant. Mais cette fois ci, il ne tire pas. Les filles moches et tristes ne l'ont jamais intéressé.

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